Nous apprenons que l’ASNL a été sanctionnée par la commission de discipline de la Ligue de Football Professionnel, suite aux chants homophobes scandés lors du match Nancy-Le Mans le 16 août dernier (et qui avaient conduit l’arbitre M. Mehdi Mokhtari à une brève interruption de la rencontre, une première en France). La tribune Piantoni sera donc fermée pour une rencontre.
Par voie de presse aujourd’hui*, Jean-Michel Roussier (président de l’ASNL) évoque “une situation ingérable”, pointe la responsabilité de celles et ceux qui ont “monté cette affaire en épingle”, déclare qu’il n’est “pas homophobe” et que les supporters nancéiens ne le sont pas davantage.
« Situation ingérable »
Effectivement, la multiplication des provocations dans les tribunes témoigne des difficultés de la LFP à faire respecter ses choix (comme hier lors de la rencontre Nice-OM en Ligue ). Il importe d’analyser froidement la situation, sans a priori.
D’abord, l’homophobie ordinaire dans le monde du football a longtemps été sous-estimée. Elle a même été acceptée comme faisant partie d’un certain folklore. De ce point de vue, la mobilisation de la LFP est pertinente mais trop tardive. Par ailleurs, les clubs sont encore à la traîne de la mobilisation générale contre les LGBTIphobies. Enfin, il est clair qu’on ne peut pas agir sans les supporters, qui – dans leur majorité – acceptent par principe l’homosexualité.
Ensuite, si les sanctions sont théoriquement utiles pour faire intérioriser la règle (l’homophobie n’a pas plus sa place dans les stades que dans le reste de la société), il importe que ces sanctions soient considérées comme légitimes. Or, c’est un fait attesté par la psychologie : les sanctions collectives sont, de ce point de vue, faiblement efficaces. Dans la pratique, elles punissent dans un même mouvement la minorité des coupables et la majorité des innocents. Elles font courir le risque à la LFP de se mettre à dos tous les supporters et de manquer son but.
Par conséquent, si nous saluons la décision de la LFP de prendre des sanctions, il importe avant tout d’apporter des réponses locales et pertinentes. Équinoxe a écrit un courrier au président de l’ASNL en début de semaine, en vue d’un échange sur le sujet. Nous souhaitons rencontrer les autorités et les supporter·ice·s pour trouver ensemble des moyens d’agir intelligemment et sur le long terme : les personnes LGBTI+ doivent pouvoir entrer dans les stades et s’y sentir à l’aise pour pouvoir supporter leur club favori.
* Est Républicain, 29 août 2019, La tribune Piantoni fermée un match après les chants à caractère homophobe d’ASNL – Le Mans