Nancy, 12 mai 2020 – Avec 60 autres associations et collectifs de France, Équinoxe Nancy a interpellé Marlène Schiappa, secrétaire d’État en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, sur la situation des personnes LGBTI dans la période de crise sanitaire.
En plein état d’urgence sanitaire, nous entendons mettre en lumière les graves conséquences sociales et sanitaires de la crise actuelle pour les publics que les associations LGBTI+ accueillent et accompagnent. Alors que le gouvernement tergiverse et présente des mesures en demi-teinte, nous attendons des réponses claires et précises, y compris sur le “plan” qui a été présenté sur la situation des jeunes LGBTI+.
Un constat partagé
Nous sommes inquièt·es du sort des plus jeunes, vivant dans un cadre familial LGBTIphobe, et des personnes LGBTI+ les plus âgées, plus sujettes à l’isolement.
Les associations ont alerté la secrétaire d’État sur la violation du droit à la vie privée des personnes transgenres, qui subissent l’outing forcé du fait de la transphobie administrative (ce fut notamment parfois le cas lors des contrôles des attestations de sortie). Cette crise révèle l’urgence du changement d’état civil libre et gratuit, sur simple déclaration en mairie.
D’autres catégories particulièrement vulnérables sont en attente de mesures fortes destinées à leur garantir la sécurité, sur les plans physique et économique. C’est le cas des personnes en situation de demande d’asile (en termes d’hébergement, de moyens financiers et dans des conditions sanitaires incertaines).
Enfin, si nous sommes inquiets – en ce qui concerne Équinoxe – de la situation générale des salarié·es, le collectif de 60 associations a demandé au gouvernement d’apporter des réponses beaucoup plus précises sur les travailleuses et travailleurs du sexe.
Pour des mesures d’urgence
Nous considérons qu’il est urgent de mettre en place des mesures de protection, accompagnées de moyens financiers suffisants pour soutenir les publics concernés et les associations de terrain. Suite à l’annonce de premières mesures par Marlène Schiappa, les associations signataires l’interrogent notamment sur le détail du dispositif, sa mise en œuvre et ses limites quant à la pérennisation.
Equinoxe s’interroge en particulier sur ces 6000 nuitées pour les jeunes LGBTI+ exclu·es de leur famille. Si la Secrétaire d’État entend solliciter la DILCRAH* pour identifier les besoins, la méthode employée reste vague. En n’évoquant pas les rôles respectifs de l’Éducation Nationale (pour identifier les cas) et des Conseils départementaux (pour les traiter, via les services de la protection de l’enfance), la réponse ministérielle semble approximative.
Nous avons une expertise en santé publique !
De la nécessité de prendre en compte dans cette phase de déconfinement l’expérience de nos associations en matière de réduction des risques, au regard de notre histoire communautaire dans le cadre de la lutte contre le VIH-SIDA.
Les associations signataires considèrent qu’il est indispensable d’ouvrir l’espace de la gestion de crise au corps social.
L’urgence sociétale est en effet d’impliquer dans la décision publique les actrices et acteurs de la société, dont nos associations, qui sont aussi engagées au quotidien dans la lutte contre cette nouvelle pandémie à COVID-19.
C’est le sens du courrier adressé à Marlène Schiappa dont les associations signataires attendent une réponse circonstanciée.
*DILCRAH : Délégation Interministérielle de Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT
Crédit Photos : Nautilus