Louis Graydon Sullivan est né dans le Wisconsin en 1951. Très tôt, il commence à se questionner sur son genre. A partir de l’âge de 10 ans, il commence à tenir un journal intime dans lequel les questions de genre et de sexualité sont très présentes.
Il déménage à San Francisco, bassin de la communauté LGBTQ+, au milieu des années 70. En tant qu’homme trans et gay, il peine à trouver un médecin qui accepte de lui prescrire un traitement hormonal. Cette identité d’homme trans homosexuel va marquer son militantisme, à une époque ou le fait d’être trans et gay n’est pas reconnu par les professionnels de santé. Autrement dit, il ne cochait pas les cases de ce que les médecins encadrant les parcours de transition avaient l’habitude de voir (il n’avait jamais eu d’idées suicidaires, aimait les hommes, avait eu une enfance heureuse…).
Il fait ainsi pression sur l’Association Américaine de Psychiatrie ainsi que la Harry Benjamin International Gender Dysphoria Association, pour améliorer la prise en charge de personnes trans. Finalement, il trouvera d’autres médecins qui accepteront de lui prescrire un traitement hormonal, puis effectue sa mammectomie en 1980.
Membre fondateur de la Gay and Lesbian Historical Society (aujourd’hui GLBT Historical Society), il met également en avant son talent d’auteur dans la revue associative The Gateway. Il y publie des chroniques abordant sa vie d’homme trans. Il écrit également le tout premier guide de transition pour les hommes trans. Par la suite, il publie la biographie de Jack Bee Garland, aventurier, infirmier et auteur trans ayant vécu à San Francisco au début du XXème siècle.
Il a grandement contribué à ce que le genre soit différencié de l’orientation sexuelle dans les parcours de transition et dans les recommandations de soins internationales. Il a passé les dernières années de sa vie à éduquer, informer les professionnels de santé sur cette question. C’est donc tout naturellement qu’il a légué ses archives personnelles à la GLBT Historical Society de San Francisco qui les a rendues publiques sur son site internet.
Il meurt des suites du virus du sida en 1991.
“Une de mes plus grandes peur est que je vais mourir avant que le personnel de santé [prenant en charge des personnes trans] ne sache que quelqu’un comme moi existe, et donc je n’existerai plus vraiment pour leur donner tord.”
Pour aller plus loin :
- Interviews de Lou Sullivan à destination des professionnels de santé
- Livre regroupant des passages de ses journaux : We Both Laughed in Pleasure: The Selected Diaries of Lou Sullivan, 1961-1991 édité par Ellis Martin et Zach Ozma (2019)
- GLBT Historical Society