Le samedi 27 septembre dernier, Équinoxe participait à la Fête des Associationsde la Ville de Nancy, aux côtés de l’Association Nationale Transgenre et des sympathisants du Centre LGBT de Lorraine-Sud, dans un Centre des Congrès Jean Prouvé rutilant. Comme chaque année, notre association n’a pas manqué d’informer les Nancéiens sur ses actions et ses multiples engagements, créant de nombreux nouveaux contacts et recrutant de nouveaux adhérents, dans une manifestation bon enfant rassemblant plus de 200 associations très diverses.
L’invité surprise
Dans la multitude des étals prenaient également place les autres associations LGBT de la ville, regroupées en un grand stand pour faire la promotion du curieux « Kreuji – Maison LGBT de Nancy ». La sensation du jour a été la présence de Pierre Ducarne, récent candidat Front Nationalaux élections municipales nancéiennes, aux côtés d’un des piliers du projet Kreuji. M. Ducarne aurait pu se contenter d’être un simple visiteur ; mieux que cela, il a été promu en tant qu’un des animateurs du stand de la Maison LGBT, intégralement pilotée depuis janvier 2012 par la Ville de Nancy.
En septembre 2013 déjà, Equinoxe avait alerté sur les rencontres secrètes entre l’émissaire du Rassemblement Bleu Marine et une association fondatrice du Kreuji. En avril dernier, nous avions dénoncé la nomination aux écoles municipales, par Laurent Hénart, de l’ancien responsable local de la Manif pour Tous dans le nouveau conseil. Accusée par messieurs Hénart et Ducarne, avec les mêmes éléments de langage, d’intolérance et de sectarisme, Equinoxe avait préféré quitter le comité de pilotage du Kreuji en mai 2014, refusant de cautionner ces intolérables – et incompréhensibles – dérives, venues s’ajouter au scandaleux hommage rendu à Jean-Pierre Humblot en 2013 par un transphobe notoire, imposé par la Ville de Nancy.
Une sortie groupée du placard
D’abord justifiées par un « simple dialogue démocratique », puis par des « impératifs journalistiques », les relations entre le frontiste local – qui dénonçait au cours de sa campagne « le subventionnement des associations communautaires » – et les associations à la botte du maire sortent enfin de l’ambiguïté. Leurs amitiés s’affichent désormais très ouvertement sur les réseaux sociaux, et les personnes concernées n’hésitent plus à poser tout sourire sous la banderole de L’Autre Cercle, dont le président à Nancy, proche ami de Laurent Hénart, est en outre délégué régional des Oublié-e-s de la Mémoireet trésorier duKreuji, lequel est présidé par son propre mari… Mais tout ceci n’est sans doute qu’un détail de l’Histoire.
Cette incroyable confusion des genres pourrait prêter à sourire si Le Kreuji ne prétendait pas, prochainement, et en tant que sauveur providentiel de la vie LGBT à Nancy, accueillir et accompagner des personnes potentiellement en détresse.
Plus que jamais, Equinoxe réaffirme son attachement viscéral à la lutte contre tous les avatars de l’extrême-droite, de la plus officielle à la plus clandestine, comme en atteste son actualité judiciaire. Nous appelons M. Hénart et la Ville de Nancy à cesser immédiatement cette escalade sordide et à reprendre leurs esprits. Les personnes LGBT ne sont pas seulement des électeurs : elles sont aussi et surtout des publics précarisés par des mouvements délétères qui gangrènent désormais l’action municipale à Nancy. Laurent Hénart voulait à tout prix se démarquer de son prédécesseur André Rossinot. Mission accomplie.